Critique: Assassin’s Creed Shadows

Voici notre critique du jeu Assassin’s Creed Shadows, testé sur PlayStation 5.

Genre: Action-aventure, Monde ouvert
Développeur: Ubisoft Québec
Date de sortie: 20 mars 2025

Disponible sur PlayStation 5, Xbox Series et PC.

Assassin’s Creed Shadows est le quatorzième jeu de la série et il était fortement attendu par les fans de la franchise. Les derniers titres de la série ont été fréquemment critiqués pour leur formule répétitive et pour la présence de nombreux bogues. Le studio Ubisoft Québec avait fixé la barre haut avec la promesse d’un jeu original et soigné. Ce projet constitue le jeu le plus ambitieux réalisé par le studio, qui célèbre cette année son vingtième anniversaire. Ce jeu d’envergure mondiale met en évidence le savoir-faire québécois et fait rayonner la ville de Québec sur la scène internationale. Depuis le lancement de la franchise, c’est plus de 150 millions de joueurs qui ont mis leurs mains sur l’un des nombreux titres de la série. Alors, est-ce que nos attentes ont été comblées avec Assassin’s Creed Shadows? C’est ce que nous verrons dans cette critique.

Le Japon féodal

Les fans le réclamaient depuis longtemps, l’intrigue se déroule enfin au Japon féodal. L’histoire nous met dans la peau de deux protagonistes. Vous pourrez incarner soit Naoe, une assassin shinobi experte en discrétion et en acrobaties, soit Yasuke, un gigantesque guerrier qui préfère la bagarre à l’infiltration. Le prologue met la table en nous présentant très brièvement Yasuke et son passage d’esclave à samouraï. Nous rencontrons ensuite Naoe, bouleversée par la tragédie, qui décidera de se lancer dans la quête titanesque de venger sa famille, attaquée par le maître de Yasuke, Oda Nobunaga. Nous suivons Naoe jusqu’à ce que son destin recroise celui de Yasuke. Ils comprennent alors que des forces plus complexes les rallient et décident de devenir alliés.

Une carte du monde moins imposante

Ce qui frappe dès les premières heures de jeu de Assassin’s Creed Shadows c’est l’approche légèrement différente par rapport aux derniers épisodes de la série. La carte du monde est assez vaste, mais elle se révèle être moins complexe que celles de Valhalla ou Odyssey, par exemple. Le jeu se concentre vraiment sur l’histoire principale et simplifie la carte, ce qui permet d’éviter d’être submergé par le nombre d’activités secondaires. Même en utilisant les points d’observation classiques du jeu pour dévoiler la carte, vous ne verrez pas de multiples icônes apparaître, qui vous dirigent vers des quêtes secondaires ou des objets à collecter. Elle reste simple, ce qui permet de faire soi-même l’exploration, et ainsi de découvrir sur le terrain les activités possibles à réaliser.

Deux protagonistes pour le prix d’un

Lorsque vous aurez terminé les premières heures de jeu avec Naoe, vous découvrirez la principale nouveauté de Assassin’s Creed Shadows: la possibilité de changer de personnage. À tout moment, le joueur se voit offrir la possibilité de jouer avec Naoe ou Yasuke. Pour une expérience d’assassin plus traditionnelle, on choisira Naoe, qui excelle en discrétion et arrive à se frayer un chemin sans se faire voir en se cachant dans l’ombre ou la végétation. Pour une expérience de combat rapproché, on choisira plutôt Yasuke, qui peut affronter plusieurs adversaires simultanément grâce à sa puissance et à sa résistance aux coups.

Les différences entre les deux personnages sont surprenantes. Je m’attendais à une simple différence de force et de compétences, mais leur jouabilité est véritablement distincte. Les mouvements de Naoe sont extrêmement acrobatiques. Elle fait des pirouettes en sautant des toits et se déplace avec aise. Quant à Yasuke, sa stature lui confère une grande robustesse, mais aussi une certaine maladresse. Il escalade les murs avec difficulté, il souffre de fréquentes pertes d’équilibre et est beaucoup plus lent que Naoe. On perçoit réellement le poids du personnage. Parlant de poids, Yasuke saute de façon très inhabile dans les fameux tas de foin. Il y atterrit si brutalement que le foin disparaît à l’impact. C’est plutôt comique. Une autre différence est que Naoe peut monter debout sur son cheval pour sauter, ce que Yasuke ne peut pas faire. Tout au long de votre aventure, vous remarquerez plusieurs autres différences entre Naoe et Yasuke. Cet aspect du jeu est vraiment très réussi.

En plus des personnages principaux, vous rencontrerez bien sûr plusieurs PNJ, certains pourront devenir vos alliés et seront recrutés pour habiter dans votre repaire. Une fois vos premiers alliés recrutés, vous aurez la possibilité de les inviter à vous rejoindre pour vous donner un coup de main lors des combats les plus difficiles. Un système de coopération plutôt inhabituel pour la franchise, mais qui m’a été bien utile dans certaines situations! Le repaire offre également l’opportunité d’avoir des éclaireurs. Lorsque vous acceptez une nouvelle quête, trois indices sont donnés pour vous aider à localiser son emplacement sur la carte. Ces indices fournissent une bonne indication de la direction à prendre. Cependant, vous avez également la possibilité d’envoyer des éclaireurs pour effectuer une reconnaissance. Dès que ceux-ci sont envoyés, une icône de quête apparaît, indiquant une zone d’investigation. Cela vous permet d’éviter de vous tromper et de gagner du temps. Selon d’autres testeurs, il semblerait que, parfois, les éclaireurs ne trouvent pas l’emplacement exact de la quête, mais, dans mon cas, ça ne m’est pas arrivé. Les recruteurs sont en quantité limitée et sont remplacés chaque saison. Par conséquent, utilisez-les avec modération.

Mécaniques de jeu et combats

Chaque personnage possède ses propres armes favorites, ainsi que son propre arbre de compétences. L’inventaire de chaque personnage est également distinct, et il peut être consulté en fonction du personnage actif. Vous pouvez choisir quelle compétence vous souhaitez améliorer pour chacun des personnages, ce qui constitue une excellente manière de personnaliser votre expérience de jeu. Les mécaniques de jeu et l’équipement sont aussi très thématiques: par exemple, vous verrez des planchers rossignols dans les châteaux. Un type de plancher avec des insertions en métal spécialement conçu pour grincer lorsqu’on marche dessus. C’est un vrai piège qui était très courant à l’époque. Il fonctionnait comme un système d’alarme. Quant à l’équipement, la variété et le souci du détail sont impressionnants, comme on peut s’y attendre dans une production Assassin’s Creed. Il est clair que beaucoup d’attention a été portée sur l’équipement et les costumes pour créer un univers aussi crédible que possible.

En ce qui concerne les combats, la formule n’a pas beaucoup changé. Les gardes réagissent toujours de la même manière face au bruit et à la découverte d’un corps, et le jeu offre toujours les mêmes possibilités pour vaincre les ennemis. La plus grande différence réside dans les aptitudes des personnages. Avec Naoe, vous risquez de frapper un mur si vous affrontez plus de deux ennemis en même temps, tandis que Yasuke est un vrai tank. Comme mentionné précédemment, l’une des principales nouveautés est l’utilisation des alliés. En effet, ils peuvent réellement faire une grande différence pendant les combats. Par exemple, vous pourrez encore effectuer les doubles assassinats, mais si un troisième garde est sur place, vous pourrez envoyer un allié s’en charger et ainsi réaliser un triple assassinat. Comme toujours, les combats sont satisfaisants et juste assez exigeants.

Un point négatif au sujet des combats: le suivi automatique de la caméra est parfois un peu aléatoire. Le tout est particulièrement frappant lorsque les combats ont lieu à l’intérieur ou à l’extérieur près d’un mur. Il arrive parfois que la caméra a du mal à suivre notre personnage et on se trouve coincé sans trop savoir par où se déplacer pour éviter les attaques de nos ennemis. Lors du deuxième combat de boss avec Naoe, il m’est arrivé de vivre quelques frustrations avec cette caméra ce qui a précipité ma désynchronisation. Heureusement, ça n’arrive pas à tout coup et c’est un des seuls problèmes que j’ai rencontré dans le jeu!

Un univers convaincant

Visuellement, Assassin’s Creed Shadows suit la tradition de la série avec de magnifiques paysages et des points de vue époustouflants. J’ai particulièrement aimé l’attention portée aux détails dans les costumes et la végétation, mais certains détails m’ont paru un peu exagérés. Par exemple, les cheveux de Naoe semblent beaucoup trop fins, tandis que d’autres détails sont trop grossiers et manquent de peaufinage. Cela étant dit, il ne s’agit que de quelques détails, car, dans son ensemble, le jeu est vraiment magnifique. C’est le premier titre de la série qui est uniquement disponible sur les consoles de nouvelle génération et c’est évident lorsque l’on constate la qualité de l’éclairage, des textures et des particules.

L’innovation qui a le plus d’impact au niveau de l’immersion visuelle est l’intégration de la météo et des saisons. Les transitions saisonnières sont véritablement spectaculaires. Par exemple, dans les rizières, au printemps, celles-ci sont inondées et les pousses commencent à émerger. À l’été, les plants sont beaucoup plus hauts, ce qui favorise Naoe lors des phases d’infiltration. En automne, le paysage s’habille de teintes automnales, alors que le niveau d’eau diminue significativement. Pendant l’hiver, il n’y a plus d’eau du tout, et les récoltes sont terminées. De plus, le vent est incroyablement convaincant. Bien qu’il puisse y avoir quelques excès dans l’animation du vent sur certains objets, l’ensemble contribue grandement à l’immersion. Les particules à l’écran sont soufflées par le vent, et l’effet des bourrasques sur les arbres est remarquablement réaliste. Les tempêtes sont donc étonnamment convaincantes, surtout avec les vibrations haptiques de la DualSense qui ajoutent une couche d’immersion à des effets déjà très réussis. De plus, chaque saison dure environ 2h30 de temps réel, et la météo n’est pas prédéfinie. Ce qui veut dire que, lors de votre première partie, vous pourrez faire une mission l’automne pendant une forte pluie, tandis que cette même mission se déroulera peut-être lors d’un beau jour de printemps lorsque vous revisiterez le jeu. Cet élément à lui seul ajoute beaucoup de rejouabilité.

Une autre chose qui mérite d’être mentionnée est la nouvelle concernant la faune. Les vétérans se rappelleront que les bêtes étaient traditionnellement abattues et dépecées pour fabriquer des objets. Cette fois-ci, l’équipe a opté pour une approche beaucoup plus humaine et qui est aussi beaucoup plus réaliste par rapport au thème. Au lieu de tuer chaque héron que vous rencontrerez, vous prendrez le temps de les admirer. Effectivement, vous allez devoir essayer de vous approcher discrètement des bêtes pour les représenter en peinture, plutôt que de les éliminer. Votre personnage sortira son carnet de croquis et réalisera une œuvre d’art mettant en vedette l’animal qu’il observe. Cette œuvre pourra être exposée dans votre demeure. Les phases d’observation sont vraiment très réalistes. Les détails et les angles de caméra donnent presque l’impression d’assister à un documentaire animalier.

Une bande-son expérimentale

Pour ce qui est de la trame sonore, j’ai trouvé les choix musicaux très particuliers, voire déplacés. Pendant les combats, la musique devient très rythmée, mais dans un style contemporain qui ne rappelle pas du tout le Japon féodal. Lors de mon premier combat, j’ai réellement sursauté en entendant la musique qui accompagnait l’action. En effet, pour Assassin’s Creed Shadows, ils ont voulu donner au jeu une signature musicale centrée sur les personnages. Pendant les phases de jeu régulières, la musique d’atmosphère est parfaite. Des musiciens maîtrisant une variété d’instruments traditionnels japonais ont été recrutés pour créer l’ambiance du jeu, et le résultat est remarquablement réussi.

Par contre, il y a plusieurs moments lors desquels cette fameuse signature musicale se fait entendre. Pour Naoe, le studio a collaborer avec Teke Teke, un groupe de Montréal, qui jouent un genre de jazz fusion psychédélique. Puis, ce fut le tour d’une collaboration avec Thunderdrum et Tiggs Da Author, qui, elle, apporte des influences africaines à la signature musicale de Yasuke. L’objectif était de surprendre les joueurs en offrant une expérience musicale unique et innovante, en s’écartant de la formule traditionnelle. Pendant la visite du studio, ils nous ont confié que, pour eux, cet aspect du jeu est une victoire. Malheureusement, je pense différemment. Je pense qu’elle nous pousse un peu trop hors de notre zone de confort. Je n’ai vraiment pas été convaincue par ce choix. Pour moi, cette signature sonore est le plus gros point négatif dece titre.

Les détails historiques

Un jeu Assassin’s Creed n’en est pas un sans quelques faits historiques à se mettre sous la dent. Bien que l’histoire soit romancée, plusieurs aspects du jeu sont authentiques et vous en apprendront même beaucoup sur le Japon médiéval. De nombreuses villes et villages ont été reconstruits, de même qu’une trentaine de châteaux. Par exemple, Sakai, un pôle économique important pour le centre du japon, a été bâti avec soin. Beaucoup d’études ont été réalisées au niveau de l’urbanisme et de l’architecture pour rendre les villes et villages convaincants. Les détails sont vraiment impressionnants, on s’y croirait. C’est assurément le plus crédible des Assassin’s Creed pour ce qui est des décors. Les lieux sacrés, tels que les sanctuaires, ont bénéficié d’un grand soin pour assurer une représentation fidèle de l’architecture. Au total, plus de 2000 objets d’époque ont été méticuleusement reconstitués pour donner un maximum de réalisme aux environnements. Plusieurs métiers sont aussi mis en valeur, tels que ceux de forgeron, de marchand ou de fermier. Une attention particulière est portée pour bien représenter chaque profession. Par exemple, les champs sont cultivés avec diverses cultures, telles que le riz, le sésame, le soja ou le blé, et les étapes de production, de récolte et de stockage sont parfaitement illustrées grâce aux travailleurs et aux bâtiments.

Il est également possible de visiter des châteaux. En effet, une trentaine d’entre eux ont été reconstruits à partir de plans et de dessins historiques. C’est le cas du château d’Osaka, qui sera en chantier lorsque vous le visiterez, puisqu’il a été achevé en 1583, tandis que l’action du jeu se déroule en 1579. Pour cette raison, certaines parties du site sont encore en construction et on peut voir de la déforestation dans les environs du château. Comme à l’habitude, vous aurez aussi accès à l’encyclopédie qui a été rédigée par des spécialistes du Japon médiéval. Le jeu est également disponible en mode immersif, c’est-à-dire que vous entendrez les voix originales en japonais et en portugais, mais avec des sous-titres dans la langue de votre choix. Je vous conseille de faire ce choix, car il rend l’expérience beaucoup plus immersive tout en vous permettant de comprendre ce qui se passe.

Mon avis

Au final, Assassin’s Creed Shadows répond à nos attentes. Le jeu reprend des aspects typiques des autres épisodes, comme l’infiltration, les assassinats et les groupes d’ennemis à vaincre, mais il ajoute une touche plus agressive, en mettant davantage l’accent sur l’action lors des phases de jeu avec Yasuke. Les effets météorologiques et les changements de saisons ajoutent beaucoup de réalisme au jeu et, comme à l’habitude, les différents aspects historiques sont très réussis. Certes, l’histoire est romancée, mais le jeu contient tout de même une grosse dose de réalisme. J’ai aussi beaucoup aimé le fait de pouvoir choisir entre les deux personnages selon les missions. C’est vraiment une excellente idée et cet aspect apporte beaucoup de rejouabilité. Enfin, j’ai trouvé que le nombre limité d’activités et de quêtes annexes était très positif. Les derniers jeux de la saga étaient réputés pour leur surabondance de quêtes secondaires et d’objets à collecter, au point de distraire les joueurs de l’histoire principale ou de les décourager complètement. Ici, le jeu met surtout l’emphase sur l’intrigue principale et c’est une bonne façon d’éviter de finir par s’ennuyer avec des missions secondaires redondantes. Assassin’s Creed Shadows est le vent de fraîcheur dont la série avait tant besoin. Une aventure haute en couleur à laquelle je donne la note de 8.5 sur 10.

Points positifs :

• Une carte épurée avec moins d’activités secondaires, ce qui évite de se sentir dépassé par la quantité de tâches à accomplir
• Avoir le choix entre deux personnages est vraiment rafraîchissant et ils sont réellement différents l’un de l’autre.
• La météo dynamique et le changement de saison ajoutent beaucoup à l’immersion
• Le Japon est un lieu idéal pour un jeu Assassin’s Creed et le travail pour rendre l’univers crédible est irréprochable
• Visuellement, le jeu est vraiment épatant.
• Les détails historiques sont aussi intéressants qu’à l’habitude

Points négatifs :

• Une bande-son qui n’est pas en harmonie avec la thématique
• Une intelligence artificielle qui laisse parfois à désirer

Merci d’avoir pris le temps de lire notre critique du jeu Assassin’s Creed Shadows . N’hésitez pas à nous donner vos avis sur ce jeu dans la section commentaire, ci-dessous!

Un énorme merci à Ubisoft de nous avoir permis de tester le jeu pour en faire une critique.