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Critique: Eternal Strands

Voici notre critique du jeu Eternal Strands, testé sur PlayStation 5.

Genre: Action, Aventure, Monde ouvert
Développeur:
Yellow Brick Games
Date de sortie: 28 janvier 2025

Disponible sur PlayStation 5, Xbox Series et PC.

Connaissez-vous le studio de développement de jeux vidéo Yellow Brick Games? Il est fort probable que ce ne soit pas le cas, puisqu’il vient tout juste de lancer son premier titre. Tout a commencé avec une trentaine d’employés pour arriver finalement à environ 60 au moment d’écrire ce texte. Ce petit studio, établi au cœur de la ville de Québec, a mis cinq ans à développer son premier titre. C’est donc avec plaisir que je vous présente aujourd’hui le jeu Eternal Strands, une autre création québécoise dont nous pouvons être fiers. Dès que j’ai vu les premières images de ce jeu, j’ai immédiatement ressenti une urgence d’y jouer. Après y avoir consacré plusieurs heures, cette excitation était-elle justifiée? Examinons cela ensemble!

Une histoire trop complexe

Dans Eternal Strands, on incarne Brynn, une jeune tisserande qui excelle au maniement de l’épée et de l’arc, et qui possède également des aptitudes magiques. Elle se joint au groupe Weaverband, composé de personnes partageant les mêmes passions et les mêmes objectifs. Ce groupe est composé de personnages ayant chacun leur spécialité propre: Sola et Sevastyan sont des forgerons, Dahm est un enchanteur, Laen est une sorte de scientifique, Casmyn est un aide de camp et Oria est la cartographe et la cheffe de la bande.

Le jeu se déroule dans un univers fantastique où la magie et les éléments occupent une place centrale. Un jour, lors d’une expédition de routine, le groupe est attaqué par une créature gigantesque, que tout le monde pensait disparue. Cette dernière les a repoussés dans l’Enclave, un endroit qui était jadis le centre névralgique et la capitale de cet univers, mais qui a été mis en quarantaine. C’est après un gros dérèglement magique, où les éléments se sont déchaînés et ont provoqué l’effondrement du territoire, que la bulle de protection a été installée autour du lieu maudit. Comme elle était censée être infranchissable, le groupe fut étonné d’y avoir été piégé.

Le voici, le groupe qui sera à vos côtés tout au long de l’aventure.

C’est donc à l’intérieur de l’Enclave que notre périple prend place. Nous devons arpenter ce milieu hostile pour vaincre des bêtes redoutables, tout en tentant de percer le mystère entourant cette catastrophe magique. Le scénario d’Eternal Strands est soigneusement élaboré, peut-être même trop. Les dialogues puisent souvent trop profondément dans l’univers du jeu. Suite aux différents dialogues, j’ai souvent plus de questions que de réponses. Je crois que le scénario aurait pu être simplifié sans nuire en rien à la fluidité du jeu ni au déroulement de l’histoire. Finalement, malgré son grand potentiel, l’histoire me semble inutilement complexe.

Le monde est votre arme

La jouabilité de Eternal Strands repose principalement sur la maîtrise des éléments, mais aussi sur la télékinésie. Par exemple, on peut créer un pont en glace sur un cours d’eau ou un mur de glace pour se protéger. De plus, notre télékinésie nous permet d’attraper un arbre et de l’enflammer à l’aide d’une torche à proximité, puis de le projeter sur un ennemi. Il est même possible d’utiliser nos pouvoirs psychiques pour emprisonner un ennemi dans une bulle et de le faire tournoyer dans tous les sens. Le jeu met assurément l’accent sur l’interaction entre la sorcellerie et les éléments. Il existe plusieurs autres possibilités au niveau des habiletés magiques, mais je ne veux pas trop en dévoiler pour ne pas vous enlever le plaisir de les découvrir par vous-mêmes. Cela me semble être une bonne idée, cependant, son exécution n’est pas toujours optimale, notamment lorsqu’il s’agit de maîtriser la télékinésie. On cherche à saisir un objet en particulier, mais parfois, on doit s’y reprendre à plusieurs reprises pour y parvenir. Il est aussi très difficile de créer une bulle psychique à un endroit précis. Elle aura tendance à toujours se déployer plus loin que ce que l’on souhaite. De plus, lorsqu’on cherche à bâtir un pont en glace, on se retrouve souvent à construire un mur, plutôt qu’un pont, car il n’y a pas moyen d’établir un point précis de départ et d’arrivée du sort.

Ce n’est pas toujours facile de créer des ponts en glace entre deux rives.
Efficace, mais pas toujours facile à réaliser.

L’interaction entre les différents éléments peut rapidement devenir chaotique. Par exemple, on peut être face à une zone glaciale et envisager de la réchauffer pour pouvoir y passer. On pourrait alors utiliser nos pouvoirs pour y faire apparaître du feu et la réchauffer, mais cela pourrait ne fonctionner qu’une fois sur deux. Le feu peut fondre rapidement la glace, ou encore réchauffer suffisamment une zone pour qu’on puisse y avoir accès. Pa contre, il arrive parfois que le feu explose partout, ce qui nous blesse au passage et, en définitive, n’affecte en rien la zone visée. De plus, la promesse de figer un adversaire sur place en congelant ses jambes au sol n’est pas tout à fait tenue. Refroidir les pieds de l’ennemi ne l’immobilisera que pour une fraction de seconde, car il faut presque qu’il soit entièrement recouvert de glace pour qu’il soit complètement figé. Cependant, j’ai déjà vu un bloc de glace se déplacer au rythme de l’ennemi. Ces deux exemples ne sont qu’un aperçu des lacunes que j’ai rencontrées en ce qui a trait à la jouabilité et aux éléments. Je dois avouer que j’ai été un peu déçu, car j’avais de grandes attentes par rapport à cet aspect du jeu, qui est la principale attraction.

Il faut une grande quantité de glace pour immobiliser un ennemi.

Des combats ennuyeux et répétitifs

Pour affronter les divers adversaires de l’Enclave, notre personnage est muni d’une épée et d’un bouclier, d’une arme à deux mains ou encore d’un arc. Le principe des combats est assez simple: on peut attaquer, parer ou esquiver en faisant une roulade. Cependant, j’ai remarqué que les combats au corps à corps deviennent vite répétitifs et parfois même trop ardus. Les ennemis sont véritablement des sacs à points de vie, et leurs défenses semblent impossibles à percer. Vos attaques ne parviennent pas à repousser ou à interrompre vos adversaires. Même en tentant de les figer sur place, l’effet ne dure que quelques instants, ce qui est trop court pour influencer le déroulement du combat. Pour remédier à cette situation, j’ai dû me résoudre à utiliser continuellement ma télékinésie pour attraper les ennemis et les projeter dans le vide ou dans un élément, comme le feu. C’est la meilleure façon que j’ai trouvée pour venir à bout rapidement des ennemis, surtout lorsqu’ils nous attaquent en groupe.

Et hop! On envoie valser les ennemis dans le vide.

Les combats les plus éclatants ont lieu lors des affrontements avec des monstres épiques et gigantesques, tels que des robots humanoïdes, des dragons, des créatures géantes et des monstres ailés. Le principe de base de ces batailles reste généralement le même: grimper sur l’adversaire, identifier ses points faibles et en tirer parti en concentrant nos attaques sur ces faiblesses pour vaincre la créature. Les joueurs expérimentés associeront instantanément cet aspect du jeu à Shadow of the Colossus. Dans ces batailles, il est crucial de localiser le noyau magique de l’adversaire, puis de l’arracher, permettant ainsi d’assimiler une fraction de sa puissance. Pour y parvenir, il est souvent nécessaire de briser une partie de son équipement, voire de lui faire perdre des membres. Par la suite, son cœur magique apparaît et l’on peut tenter de le retirer.

Encore une fois, c’est un aspect du jeu qui m’intéressait beaucoup. Cependant, après quelques combats, je n’ai pas trouvé ce que je cherchais. En réalité, ces affrontements sont soit souvent frustrants et plutôt répétitifs. L’objectif est toujours le même: escalader la créature pour découvrir une partie de son corps non protégée, ou pour dévoiler certaines zones en détruisant des attaches de son armure, afin de pouvoir attaquer directement ses points faibles. Le plus frustrant dans ces combats, c’est l’escalade. Souvent, il est difficile de se situer face aux mouvements brusques et rapides des boss. Une fois que l’on y arrive, il est parfois dangereux de se rendre à l’endroit désiré. Il faut également surveiller sa jauge d’endurance, sinon on peut facilement perdre prise et tomber de très haut. Malheureusement, cette jauge devient vite introuvable, car elle se cache derrière les plumes ou n’importe quel autre élément esthétique des créatures, ce qui entraîne souvent une chute frustrante et douloureuse. Elle aurait dû faire partie intégrante de l’interface utilisateur plutôt que de se trouver sous notre personnage, à la merci des obstacles visuels.

Arracher le cœur magique, toujours très satisfaisant!
On découvre certains points faibles, pour ensuite les attaquer!
Escalader les ennemis, la meilleure méthode pour trouver les points faibles.

Un monde ouvert avec ses hauts et ses bas

Le jeu nous propose un univers assez vaste. Chaque secteur est unique. Vous y découvrirez, entre autres, une région foisonnante de cours d’eau et de forêts, une autre avec des marais ou une ancienne mégalopole délabrée. À ce niveau, le jeu a misé dans le mille en offrant des zones qui se distinguent bien les unes des autres. Malheureusement, elles sont vides et sans vie. Sur une note plus positive, le jeu propose un cycle jour/nuit et des effets météorologiques qui sont plutôt bien réussis. Chaque nouvelle journée va apporter une nouvelle condition météorologique. Imaginons que vous soyez actuellement dans une région montagneuse ensoleillée. Le lendemain, il est tout à fait possible que vous fassiez face à un paysage givré et glacial. Ce bouleversement climatique ne modifie pas seulement l’aspect visuel, mais aussi certains pouvoirs magiques, qui seront affectés positivement ou négativement par le temps et le milieu.

Les cycles jours/nuits ont un réel impact.

Malheureusement, Eternal Strands partage le même défaut que beaucoup d’autres mondes ouverts: les quêtes sont monotones et ennuyeuses. On se retrouve souvent à devoir chercher un objet crucial, puis à revenir au camp pour en discuter, avant de repartir explorer le même endroit à la recherche d’autre chose, pour ensuite revenir au camp et ainsi de suite. Pour ma première mission dans ce jeu, j’ai dû effectuer au moins quatre allers-retours entre le campement et l’entrée pour parvenir à la déverrouiller.

Un système impressionnant de création d’objets

Eternal Strands propose un système impressionnant de création d’objets. Lors de nos explorations, il est possible de trouver des recettes que l’on peut utiliser au campement pour les fabriquer. Chaque recette exige une quantité spécifique de matériaux. Cependant, elle ne demande pas nécessairement une ressource en particulier. Par exemple, une armure nécessitera probablement six matériaux tissés. Dans votre inventaire, vous pouvez choisir le type de tissu que vous désirez. En fonction du tissu choisi, la couleur ainsi que les bonus donnés par l’équipement sont sujets à changer. Il va sans dire que plus vous avez des ressources rares, plus les bonus seront alléchants. En plus de créer de nouveaux équipements, il est possible d’améliorer ceux que vous possédez déjà en utilisant un principe similaire à celui de la création.

Pour découvrir ces précieuses ressources, il n’y a rien de plus facile: il suffit d’éliminer des adversaires, de dénicher des trésors dissimulés dans divers recoins de l’environnement, mais, surtout, de raser complètement les éléments du décor, que ce soit des branches, des arbres, des rochers, des caisses ou autres objets. De plus, la méthode employée pour démolir certains éléments influencera le type de matériau récupéré. Par exemple, abattre un arbre avec votre épée ne produira pas la même ressource que si vous le brûliez. Il est parfois judicieux d’explorer différentes méthodes de récolte pour élargir vos options à la forge. Cette fonctionnalité du jeu est particulièrement réussie et m’a incité à continuer mon aventure. C’est en fait l’aspect qui m’a le plus séduit.

Le choix de ressources va modifier les bonus, mais aussi la couleur de l’équipement.

Une direction artistique sublime

Eternal Strands se distingue grâce à son esthétique raffinée. Les diverses régions de l’enclave, combinées à leur mise en scène, contribuent grandement à renforcer la beauté visuelle du jeu. De plus, le climat variable peut également influencer l’apparence de chaque zone, ce qui crée une sensation de renouveau dans chacune d’entre elles. En ce qui concerne les graphismes, le studio a opté pour un style graphique semblable à celui de Immortals Fenyx Rising et même de Legend of Zelda: Tears of the Kingdom. Le résultat est un style graphique légèrement plus cartoonesque, mais avec une profondeur remarquable et des décors à couper le souffle.

Cependant, il y a encore quelques petits problèmes techniques au niveau visuel. J’ai constaté des anomalies visuelles, telles que des textures qui mettent du temps à s’afficher ou qui réagissent de manière inhabituelle face à la lumière. J’aurais aussi apprécié plus d’effets lumineux, étant donné que le jeu repose sur un système de météo et d’éléments.

Certains panoramas sont profonds et magnifiques.
Les zones sont toutes uniques.

Le département sonore s’est bien acquitté de sa tâche en ce qui concerne la et les dialogues. Les choix musicaux et sonores varient en fonction des zones et des événements qui s’y déroulent. Les pièces musicales lors des combats de boss sont particulièrement réussies. Les dialogues audio sont parfaitement doublés, permettant de ressentir l’énergie et les émotions des personnages rien qu’à les entendre parler. Cependant, la plupart des cinématiques du jeu sont composées d’images fixes. J’aurais préféré des échanges plus animés, avec des mouvements et des animations intégrées au jeu. Ces dernières auraient été plus immersives qu’un genre de roman graphique. Malgré cela, Eternal Strands fonctionne vraiment bien visuellement, ce qui représente un défi réussi pour l’équipe de Québec.

Une physique parfois capricieuse

J’ai souligné précédemment les difficultés à maîtriser les différentes magies et les éléments, car leur utilisation n’est pas toujours précise. De plus, la télékinésie peut parfois s’avérer très têtue lorsqu’il s’agit de saisir des objets. Cependant, ces problèmes ne se limitent pas aux compétences magiques: la physique du personnage dans le jeu présente également des lacunes, notamment en ce qui concerne sa mobilité. Si l’on court, et que l’on veut rapidement changer de direction, notre personnage glisse pendant un instant. Cette physique du déplacement peut s’avérer plutôt embêtante dans certaines situations, faisant que notre personnage a tendance à déraper dans tous les sens, comme s’il était une mascotte de Disney on Ice.

J’ai également connu des situations où, après être tombé à certains endroits pendant les combats ou au cours de ma progression, mon avatar se mettait à bondir dans tous les sens, sans explication. Il en a été de même pour les ennemis ou certains objets, comme s’il y avait eu des problèmes de détection de collisions à certains endroits spécifiques dans l’environnement. De plus, les éléments, comme le feu, ne fonctionnent pas toujours sur les ennemis. J’ai souvent vu des ennemis se déplacer dans des zones enflammées sans subir de dommages. Ce sont des imperfections mineures, mais qui peuvent s’avérer frustrantes sur le long terme.

Je voulais seulement passer et non m’accrocher aux rebords de l’ouverture!

Finalement, est-ce que Eternal Strands en vaut la peine?

Yellow Brick Games a visé haut avec son premier titre. Avec toutes les promesses que le jeu nous proposait dès son annonce, on ne pouvait qu’être impatient de mettre la main dessus. Que ce soit au niveau de la manipulation des éléments, de la télékinésie, des combats de boss gigantesques à la Shadow of the Colossus ou même de l’impact de la météo sur les zones, le jeu proposait des idées alléchantes. La grande majorité des promesses ont été respectées, mais certaines d’entre elles se sont avérées un peu moins solides en exécution que sur papier. Les magies et les éléments sont parfois difficiles à maîtriser et manquent de variété. Les combats au corps à corps sont répétitifs, longs et sans saveur. Enfin, le bestiaire est tout de même assez limité et les missions sont plutôt répétitives. Bien que le jeu ait quelques lacunes, il excelle dans deux domaines: sa conception visuelle et son système de crafting. Eternal Strands est un jeu intéressant et qui a beaucoup de potentiel. Le principe de base est unique et surprenamment agréable. Plus vous y jouerez, plus vous serez charmé par ce titre. Cependant, il aurait peut-être dû être lancé en accès anticipé sur PC le temps de polir le tout un peu plus avant une sortie officielle sur toutes les plates-formes. Au final, Eternal Strands est un jeu qui se veut peut-être trop ambitieux, mais qui mérite tout de même une note de 7 sur 10.

Points positifs :

-Une direction artistique magnifique
-Une bande-son sans failles
-Les boss sont impressionnants
-Un système de crafting surprenant
-Une bonne durée de vie
-Des personnages charismatiques et mémorables
-Le cycle jour/nuit et les effets météorologiques qui affectent vraiment les environnements

Points négatifs:

-La maniabilité des magies et des ressources qui est très capricieuse et peu précise
-Quelques bogues de collisions qui peuvent être très gênants dans certaines situations
-Des déplacements qui manquent de précision
-Une histoire inutilement complexe
-Des objectifs répétitifs et qui manquent d’originalité
-Un bestiaire assez limité
-L’intelligence artificielle des ennemis est parfois assez limitée
-L’escalade n’est pas optimale lors des combats contre les boss épiques

Merci d’avoir pris le temps de lire notre critique du jeu Eternal Strands. N’hésitez pas à nous donner vos avis sur ce jeu dans la section commentaire, ci-dessous !

Un énorme merci à Yellow Brick Games de nous avoir permis de tester le jeu pour en faire une critique.

Underdrouin
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Underdrouin

Dans la trentaine, originaire de la Beauce.. Il a le bonheur d'être marié et papa de 2 beaux enfants. Il est dessinateur industriel depuis maintenant près de 14 ans et parallèlement, il est aussi pompier volontaire et premier répondant. Gameur depuis son tout jeune âge. Il a découvert le gaming grâce à la Super Nintendo. Depuis cette console, il a possédé toutes les autres consoles suivant cette génération. Actuellement sur la nouvelle génération, il est le genre de joueur qui aime toucher à tout de près ou de loin. Au plaisir de discuter gaming avec vous, ou même de se retrouver en ligne lors d'une partie. Game On !

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