Critique: Layers of Fear (2023)
Voici notre critique du jeu Layers of Fear (2023), testé sur PlayStation 5:
Genre: Horreur psychologique, exploration et puzzle
Développeur: Bloober Team
Date de sortie: 15 juin 2023
Disponible sur PS5, Xbox Series et PC
Layers of Fear (2023) n’est pas seulement un remake de l’original. En effet, il s’agit plutôt des deux premiers jeux de la série, incluant l’extension Inheritance, auxquelles s’ajoutent deux nouvelles histoires, celles de l’écrivaine et de la musicienne. Cette nouvelle version est ni un remake ni une suite, mais plus une version actualisée et définitive de la série. Pour ceux qui ne connaissent pas ce titre, il s’agit d’un jeu d’horreur psychologique, en première personne, dans lequel vous incarnerez trois artistes: le peintre, l’écrivaine et l’acteur.
Trois artistes torturés
Dans le jeu original, sorti en 2016, l’histoire tourne autour d’un peintre qui succombe progressivement à la folie. L’histoire se passe dans son manoir et le jeu nous amène à découvrir sa vie de couple, sa relation avec sa fille, son obsession des rats et la création de l’œuvre parfaite. Dans Layers of Fear 2, paru en 2019, c’est l’acteur qui est mis de l’avant. Cette histoire se passe sur un bateau et décrit une partie de l’enfance tragique du personnage. Ces deux récits se succèdent, mais ils sont maintenant entre-coupés par celui de l’écrivaine qui est condamnée à mettre par écrit leurs vies tragiques. De plus, le jeu nous offre une courte histoire supplémentaire qui vient s’ajouter à Layers of fear: inheritance. Cette nouvelle histoire, nommée The Final Note, nous fais vivre l’histoire du peintre du point de vue de sa femme, la musicienne.
La manière dont le tout est présenté est plaisante. Les trois histoires sont bien emboîtées et, si vous n’avez jamais joué aux jeux originaux, vous aurez presque l’impression de jouer qu’à un seul jeu tellement l’ensemble est bien cousu. Toutes les histoires sont intéressantes et donnent envie d’explorer les différentes fins afin d’en apprendre plus. L’histoire du peintre est la plus intéressante des trois et, heureusement, la majorité du jeu est centrée sur ce personnage.
Des poignées sous toutes leurs formes
Dans ce jeu, vous devrez explorer des environnements en constante évolution et résoudre des casse-têtes. La prise en main est très simple et intuitive. Un bouton pour courir, un pour zoomer, un pour interagir avec votre environnement et un autre pour la lampe de poche, constituent l’ensemble des touches. L’exploration se fait en première personne et vous pourrez ouvrir des portes, examiner des objets, lire des notes ou amasser affiches et autres pour votre collection.
La majeure partie du jeu sera passée à explorer des salles, parcourir des corridors et ouvrir des tiroirs, des portes et des armoires. La méthode utilisée pour interagir avec les portes et les tiroirs est intéressante et ajoute au suspense. Pour les ouvrir, vous devrez attraper la poignée et bouger vers l’avant ou vers l’arrière pour physiquement ouvrir la porte. Aussi, certaines poignées ou certains objets activeront les gâchettes adaptatives et vous pourrez vraiment sentir que vous attrapez un objet.
Lorsque vous examinerez les objets, vous pourrez apprécier de près les détails et le travail des artistes. Généralement, une petite narration qui dévoile les pensées du personnage accompagne ces moments. Ces narrations seront aussi présentes lorsque vous lirez une note et elles sont particulièrement réussies. Elles donnent vie à ce qui vous entoure et vous feront apprécier chaque petite notes et articles de journaux sur votre chemin.
Les casse-têtes, eux, sont juste assez nombreux pour ne pas devenir agaçants. Généralement, ils servent à sortir d’une pièce fermée à clef et jouent souvent avec les perspectives. Ils ne sont pas très complexes et ne vous prendront jamais beaucoup de temps à résoudre. C’est une bonne chose qu’ils soient courts car ils n’interrompent pas le flot du jeu. Cependant, ils manquent toutefois quand même un peu de difficulté. Certains d’entre eux sont hyper créatifs, tandis que d’autres sont un peu plus génériques. Je n’ai jamais crié au génie, mais ils ne m’ont jamais ennuyé.
Ce qui est un peu plus ennuyant, ce sont les interactions avec la lampe de poche et la lanterne. Pouvoir s’orienter dans l’ombre est un atout, mais leur deuxième fonction devient vite redondante. Cette fonction sert à repousser les ennemis qui vous menacent et à découvrir des secrets dans votre environnement. Ces deux actions sont correctes tout au plus, mais celle qui me déplaît vraiment est l’interaction avec les mannequins dans l’histoire de l’acteur. La lampe de poche agit comme un projecteur de cinéma et active des mannequins dans le décor. Cette action est sur-utilisée et appliquée de manière très peu créative, à la limite de l’ennui.
Une couche de peinture fraîche
Les environnements que le jeu propose sont magnifiques. Le manoir victorien pour le peintre, le phare pour l’écrivaine et le bateau pour l’acteur. Ces environnements ne sont pas très grands, mais le jeu tentera de vous rendre fou en le modifiant à tout moment, ce qui les agrandit considérablement. Vous ferez sans cesse face à de nouveaux décors et ceux-ci sont tout simplement sublimes.
Pour ce remake, Bloober Team ont opté pour le moteur de jeu Unreal Engine 5 et le résultat est incroyable. Les détails sont frappants, il est possible de percevoir les craques dans la peinture des tableaux, les textures des objets sont sublimes et l’effet de transparence du verre est hyper réaliste. Plus vous avancerez dans le jeu, plus les décors deviendront complexes et plus vous serez impressionnés par le travail des artistes. C’est sans contredit un des plus beaux jeux auquel j’ai joué de toute ma vie.
La plus grosse amélioration est au niveau de l’éclairage. Toutes les sources de lumière semblent réelles. La luminosité des lampes, la lumière de la foudre à travers les fenêtres, la flamme des bougies, tout est parfait. La qualité des décors combinée à celle de l’éclairage donne un résultat à couper le souffle. Chaque nouvelle pièce ou corridor est un régal pour les yeux et cela est définitivement le point fort de ce titre.
Un jeu d’horreur pas très horrifiant
Malheureusement, il est maintenant temps de vous parler du point faible de ce titre, l’horreur. Certes, l’univers de ce jeu en est un d’horreur, mais pas le genre d’horreur qui fait peur. À quelques reprises, vous serez effrayés par un bruit de foudre ou serez inquiet d’entendre des craquements ou des bruits de pas provenant d’une pièce adjacente, mais cela cessera rapidement de vous impressionner. Les pièces qui changent d’apparence dès que vous avez le dos tourné peuvent désorienter et sont surprenantes les premières fois, mais ces moments sont trop fréquents et rapidement prévisibles.
Les personnages sont aussi hantés par un esprit maléfique qui vous poursuivra dans certaines scènes. Cet esprit se présente sous différentes formes et poursuit les personnages à différents moments de l’aventure. Il est impossible de se défendre contre celui-ci sauf en utilisant la lanterne ou la lampe de poche pour le ralentir. Une espèce de sorcière démoniaque ou une figure déformée et sans visage contre lequel notre personnage se montre impuissant devrait suffir à nous effrayer, mais ce n’est pas le cas. Même si les scènes où ils apparaissent sont accompagnées d’une musique intense et stressante, cette même musique vous préviendra aussi de leur arrivée éliminant ainsi l’effet de surprise. Parfois, ils parviendront à vous mettre la main au collet et dans ces cas, la mort vous attend. Cette mort est toutefois sans aucunes conséquences et trop floue pour être effrayante. Il sera aussi plutôt rare qu’ils vous attrapent, car il vous suffira de bien gérer la batterie de votre lampe de poche pour pouvoir les ralentir suffisamment pour vous échapper.
Les autres éléments d’horreur ne sont pas beaucoup plus terrifiants. Si vous avez la phobie des poupées, des dessins d’enfants, des rats, des chaises empilées ou des mannequins (beaucoup de mannequins), vous allez être terrifiés par ce jeu. Autrement, votre aventure en sera une d’appréciation de l’ambiance plus que de terreur. Des mannequins, même en grand nombre, ne seront jamais aussi effrayants qu’un corps en décomposition rempli de gros vers translucides. Ces éléments d’horreur se répètent sans cesse et si la poupée vous a effrayé la première fois, la trentième fois risque de vous laisser de glace.
Il y à certainement quelques moments plus affolants que d’autres, mais ils sont plutôt rares et proviennent surtout de l’audio qui elle est très réussi. Vous ne serez pas attaqués par des hordes de zombies, vous n’aurez pas peur pour votre vie, vos ennemis ne seront ni des loups garous, ni des monstres mutants. Ce jeu met l’emphase sur le côté psychologique de l’horreur avec des images dérangeantes, des thématiques sombres, des sons qui induisent la paranoïa et des environnements dérangeants. L’horreur dans ce jeu provient plus de l’ambiance dans son ensemble. Les décors, le mystère entourant les personnages, les éclairages et surtout les bruitages, créent un monde d’horreur qui est fabuleux sans pour autant être effrayant.
La trame sonore rectifie le tir
Comme mentionné plus haut, l’audio est probablement ce qui vous effraiera le plus en jouant à ce jeu. Les développeurs recommandent fortement d’y jouer avec une paire d’écouteurs et je vous recommande de suivre leur conseil. Layers of Fear (2023) excelle dans le département du bruitage. Les craquements du bateau et le bruit du violent orage à l’extérieur du manoir vous donneront l’impression d’y être. La trame sonore est encore plus surprenante et comporte des musiques d’ambiances sombres au piano et au violon qui vous donneront beaucoup plus froid dans le dos que les images qui les accompagnent.
L’ambiance sonore d’un jeu d’horreur peut faire toute la différence entre un bon jeu et un navet. Ici, les développeurs ont doté le jeu d’une ambiance sonore extraordinaire qui mérite presque à elle seule de vous lancer dans cette aventure.
Un remake pas comme les autres
Layers of Fear (2023) est un jeu qui mérite votre attention. C’est un jeu magnifique qui saura combler les amateurs d’horreur et d’art. Le jeu est un tableau qui ne cesse de se modifier et de nous en mettre plein la vue. La descente vers la folie des personnages est bien représentée et les nombreuses fin ajoutent beaucoup de profondeur à l’histoire. Même si il n’est pas très terrifiant, le jeu compense par sa beauté, ses atmosphères et sa trame sonore. Cette compilation est complète et présentée de la meilleure manière possible tout en ajoutant du contenu pertinent. C’est un titre accessible, qui saura trouver preneurs chez les plus ou moins braves d’entre-vous. Malgré des problèmes techniques qui m’ont obligé à recommencer des sections entières du jeu à quatre reprises, des casse-têtes un peu simplistes et le manque de frissons, je donne à ce jeu la note de 7/10.
Points positifs :
- MAGNIFIQUE
- Des éclairages hors-pairs
- Une compilation complète et bien présentée
- Une trame sonore sans reproche
Points négatifs :
- Rarement terrifiant
- Des casse-têtes trop simples
- Des glitchs qui obligent à reprendre des sections complètes
Bloober Team est un studio indépendant polonais qui consacre son talent aux jeux d’horreurs. Fondé en 2008, le studio est surtout connu pour des jeux comme Layers of Fear, Observer et The Medium. Ils travaillent actuellement sur le remake de Silent Hill 2 que nous attendons avec impatience.
Un énorme merci à Bloober Team de nous avoir permis de tester le jeu pour en faire une critique.
Merci d’avoir pris le temps de lire notre critique du jeu Layers of Fear (2023). N’hésitez pas à nous donner vos avis sur ce jeu dans la section commentaire, ci-dessous!
- Critique: Victrix Pro BFG: Call of Duty – Field Op - 22 novembre 2024
- Critique: Mario & Luigi: Brothership - 15 novembre 2024
- Critique: Call of Duty: Black Ops 6 - 8 novembre 2024