Critique: Embr
Voici notre critique du jeu Embr, testé sur PS4:
Genre: Action et simulation
Développeur: Muse Games
Date de sortie: 21 mai 2020
Disponible sur PS4, Xbox One, Nintendo Switch, PC et Stadia
Le capitalisme est une doctrine qui s’étend jusqu’au bout de la planète. Qu’on le veuille ou non, là n’est pas la question. Cependant, il faut voir le bon côté des choses et nul doute que les multiples détournements du système aboutissent à des œuvres aussi critiques que drôles. Embr est de cette trempe. Vous voilà dans la peau d’un pompier, avec toutes les responsabilités que cela implique. Cependant, à l’inverse d’un Rescue ou Firefighting Simulator, le parti-pris est tout autre.
Le synopsis en est la preuve directe: le service public, c’est terminé! Ici, plusieurs agences combattent le feu. Pas pour la conviction, juste pour l’argent! Il y a donc une mise en concurrence qui amène à des actes déloyaux de personnages loufoques et une satisfaction du client à garantir.
Surtout, restons-en aux faits: tout ceci se déguste au 30ème degré et la bonne humeur est le maître-mot. Cela part clairement d’une bonne intention et l’idée est de vous proposer du fun pour un pur moment de détente.
Toutefois, entre vouloir et pouvoir, le gouffre est immense. Dans le jeu vidéo, la théorie ne suffit plus et seul le pad est souverain!
Exclusivité initiale de Stadia, voilà que le pari de Muse Games, sous la coupole de Curve Digital, montre le bout de son casque sur d’autres plateformes afin de réchauffer l’atmosphère (blague utilisée probablement des milliers de fois mais nous sommes persuadés qu’elle reviendra à la mode!).
Sommes-nous donc chauds comme la braise ou refroidis par trop d’étanchéité?
Enfilez votre combinaison, l’alarme vient de retentir! Le NBK vous emmène là où les murs s’effondrent, où les plafonds se juxtaposent aux planchers, là où la nature nous rappelle que sa beauté va de pair avec sa folie destructrice à ses heures.
Surtout lorsque l’homme s’en mêle….
50 nuances degrés
Faut-il un concept particulièrement épais pour s’amuser? Si on suit le credo de Embr, la réponse est clairement négative. C’est tout le principe qui fait la force du titre: l’accessibilité. En effet, pas de prise de tête inutile. Les règles sont simples et le didacticiel complet en plus d’annoncer la couleur: sus au réalisme, place à l’humour!
Les bases ne sont point dissimulées. Vous êtes là pour ne pas vous prendre au sérieux, comme en attestent les commentaires savoureux des protagonistes qui bénéficient d’un doublage volontairement exagéré et juste brillant. De plus, certains messages complètement barrés apparaissent dans les menus pour vous raconter des anecdotes improbables, à l’instar des petites vannes qu’on retrouvait dans Dead Nation. Cela installe de suite un climat de franche déconnade loin d’être pénible car bien dosé.
Même les thèmes comme la mort, la destruction et la course mercantile sont traités avec une légèreté apaisante. Si le sujet est dur, son traitement est là pour vous rappeler que dans le jv, tout n’est pas axé sur la recherche du réalisme. D’ailleurs, la bonne bouille des protagonistes improbables, un peu à la Overcooked, nous fait esquisser de larges sourires. Et si techniquement, ce n’est pas la folie pour un jeu PS4, le choix de couleurs vives et le rendu cartoonesque enfoncent le clou!
Le mal des pompiers
Pour le genre, nous sommes face à un jeu d’action en vue à la première personne. Vous devez empêcher le feu de progresser (dont les ravages sont minutés), remplir votre objectif et rejoindre la zone d’évacuation. Simple, non? Assurément mais d’autres embûches vous attendent, comme le gaz (à vous de gérer la ventilation ou de casser une fenêtre pour aérer les pièces) ou le fléau électrique, qui forcément ne fait pas bon ménage avec l’eau!
Déjouer l’ensemble de ces “pièges” vous demandera un minimum de réflexion sans que cela ne soit une torture! Cependant, charge vous revient de ne pas traîner car les bâtiments ont la fâcheuse tendance à s’écrouler et les chemins s’obstruent de plus en plus. Il faudra donc prévoir sa sortie et improviser à l’occasion pour éviter de voir sa barre de PV fondre comme neige au soleil.
Assez permissif, Embr laisse votre vie remonter par palier mais votre vigilance reste requise. Une attention à réitérer en ce qui concerne votre réserve de flotte, rechargeable dans les niveaux parcourus, à ne jamais relâcher! Et encore, vous verrez que vous serez confrontés à des portes incassables, des bouteilles d’eau bienvenues, des bidons explosifs…
Relier des fils entre eux pour déclencher des mécanismes, sauver des humains complètement crétins ou rechercher des nouveaux moyens d’accès : telles seront vos nouvelles missions!
Embr rouille
Pour rendre le tout pertinent, Embr ne lésine pas sur la qualité de son level-design, pensé avec parcimonie avec une gestion des espaces parfaitement millimétrés. Plusieurs solutions s’offrent à vous et chacun est décideur de son approche même si cela dépend de votre équipement. A ce titre, vous devrez préparer votre matériel avant d’accepter de partir au combat! Si de base votre lance à eau, votre hache (pour casser les portes en bois) ou votre téléphone, indispensable pour localiser les personnes en danger, vous serviront amplement, l’argent ramassé au fur et à mesure permet de se renforcer. Par exemple, transporter des échelles pour grimper en passant par l’extérieur afin d’éviter d’emprunter les escaliers enflammés est une des nombreuses possibilités. Sans parler du sacro-saint grappin!
Le switch se fait sans accroc et globalement, l’équilibre définissant l’utilité des objets est savamment mesuré. De plus, cela permet d’adapter sa façon de jouer car l’empirisme est un atout pour déjouer toutes les difficultés, même avec un minimum sur soi. Il en est de même pour votre combinaison: les composants vous octroient divers bonus (vitesse, protections plus efficaces…). De quoi personnaliser son avatar sans que l’offre ne soit pléthorique et sans devoir farmer durant des plombes.
Surtout que la rejouabilité est déjà très importante! Les tableaux sont nombreux et disposent de 2 degrés de difficulté et vous pouvez choisir différents objectifs. Si, de base, il s’agit de sauvetage, vous pourrez opter par la suite d’autres typologies, comme la démolition ou l’improbable “quête” qui vous demande de livrer de la nourriture aux PNJ au milieu des flammes. Amusant!
Le scoring est également essentiel puisque si remplir le minimum est possible, sauver tous les habitants (en les balançant dans les zones de sécurité, c’est bien plus drôle!) ou encore mettre les objets de valeur en lieu sûr permettent, entre autres, d’augmenter la satisfaction de la clientèle, donc votre note de fin de niveau.
Et pour les perfectionnistes, cela sera un sacerdoce!
Embrase moi idiot
Mais alors, qu’est-ce qui pourrait mal tourner? Les pénalités en cas de trépas de votre personnage pour vous ramener à la vie ou l’abandon/échec? Absolument pas. Embr est victime de petites tares agaçantes par moment. Si quelques bugs furent constatés, comme des lévitations étranges ou des collisions parfois hasardeuses, cela n’est que foutaise comparé au plus gros reproche adressé à la production: sa gestion de la physique.
Trop légère, elle met en exergue des corps plus proches de pantins que d’humains. Bien sûr, cela n’est pas totalement rédhibitoire à proprement parler mais bouger malencontreusement quelque chose en ayant la sensation de l’effleurer reste rageant. Pire, cela nuit à la clarté de l’ensemble. De plus, lorsqu’il vous sera nécessaire de soulever quelque chose, il faudra vous assurer de ne rien cogner (même succinctement) sous peine de laisser tomber votre charge. Déjà qu’au niveau de la visibilité, ce n’était pas la panacée alors dans ce cas, nous sommes confrontés à un problème qui mériterait une bonne correction.
Car ce qui gâche ce gameplay est cette sensation d’imprécision totale qui vous hantera longtemps. Et qu’il est contraignant de rater un passage alors que la solution était acquise! Cela provoque aussi quelques ratés lors d’un affrontement de boss (oui, vous avez bien lu) dont l’aspect “puzzle-game” n’est pas pour nous déplaire mais qui pêche affreusement à cause de maladresses provoquées par le moteur physique.
La journée de la flamme
Il ne s’agit évidemment pas d’un procès d’intention! En outre, il est dommage de voir un potentiel égratigné par ces erreurs qui coûtent chers. Dans un registre identique, on soulignera des décisions parfois étranges, comme ce personnage mis en danger dès le début de la mission qui se retrouve à passer l’arme à gauche sans que vous ayez eu le temps de faire quoi que ce soit. Cela frustrera assurément quelques-uns!
En cela, il est conseillé de jouer à petites doses, le postulat suggéré de toute façon. De surcroît, l’OST a tendance à devenir ennuyeuse, à l’inverse du sound-design, sobre et efficace. Ce n’est pas que celle-ci ne dispose pas d’un capital sympathie initial; c’est surtout que les compositions ne sont pas assez variées et les boucles trop courtes. Cela engendre une répétitivité monotone, spécialement lorsque vous devez faire un effort de concentration supplémentaire, notamment en solo où vous devez penser à tout.
Et ce n’est clairement pas là que réside l’intérêt! Si vous souhaitez découvrir le véritable visage de Embr, vous devrez obligatoirement passer par la case multi, d’autant plus que le jeu est cross-plateforme. Et si vous vous inquiétez des lags en tout genre, vous pouvez souffler! En dépit d’une connexion moyenne, vos serviteurs n’ont jamais connu de réelles filouteries.
M’Embr à part
L’éclate peut être totale à plusieurs et c’est pour cela que le marketing du jeu insiste sur sa spécificité multi. Si cela peut vite se transformer en joyeux boxon, une organisation bien huilée peut accoucher de parties intenses. “Toi par-là! Vous, ralentissez la progression du feu pendant que je transporte les citoyens en danger!”. A 4, il y a de quoi être emporté par le plaisir en oubliant les défauts évoqués ci-dessus.
De plus, il est assez aisé de trouver d’autres pompiers en herbe lors des recherches! Pas trop de délai d’attente et une communication qui n’a pas besoin d’être développée pour parvenir à ses fins. Si on vous ouvre le chemin, c’est que votre rôle consiste à progresser pour faire le job, le temps que le camarade vous rejoigne. Si la symbiose est de sortie, alors vous jouirez de l’efficacité de l’utilisation du matos par chaque combattant.
Vous aurez alors plus de patience, revenant avec plus d’envie afin d’incarner votre Respondr, le sauveur tant attendu des citadins. Il faudra absolument prendre cette dimension en compte pour déguster le nectar, dont l’essence (ahah) s’épanouit en solo sans parvenir à se débarrasser de ses vieux démons.
Fade ce Embr? Pas du tout mais fun sous certaines conditions.
Un exercice ardu pour nous de vous exposer pleinement nos impressions sur Embr. Dans l’absolu, la production mise sur l’immédiateté, celle qui vous permet d’user des rouages sans complications malhabiles.
Doté d’un level-design probant et de quelques touches stratégiques pertinentes, le jeu demande toutefois de la tolérance, tant la physique se prend les pieds dans le tapis, manquant d’emmener avec elle le gameplay pourtant sympathique.
De plus, le solo a du mal à tenir en haleine sur la longueur malgré les relances drôlatiques et la bonne humeur qui se dégage de cette aventure.
Des efforts formels qui estompent quelque peu les contrariétés de fond qui font office de grain de sable dans l’engrenage. La machine tient toutefois le choc pour procurer de bonnes vibrations, ce qui est finalement le plus important.
De plus, le multijoueur est un vecteur de qualité pour transformer Embr en outil de distraction. Si vous êtes adepte des parties courtes, alors il va sans dire qu’à plusieurs, vous retirerez tout le positif. Cela sonne comme une évidence.
Enfin, vous pourrez aussi vous laisser tenter par le prix très abordable pour un jeu très long et qui pourrait vous surprendre à plus d’un titre.
Charge à vous de vous définir en tant que gameur afin d’évaluer votre côte d’amour pour Embr.
Ici, au NBK, on lui a râlé dessus mais nous avons bien ri ensemble. Comme si nous étions avec notre vieille bande de potes et rien que pour cela, le coup d’œil est de bon ton.
Un énorme merci à Curve Digital de nous avoir permis de tester le jeu pour en faire une critique.
Merci d’avoir pris le temps de lire notre critique du jeu Embr. N’hésitez pas à nous donner vos avis sur ce jeu dans la section commentaire, ci-dessous!
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