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Critique: Super Magbot

Voici notre critique du jeu Super Magbot, testé sur Nintendo Switch:

Genre: Plateformer/ Die & Retry
Développeur: Astral Pixel
Date de sortie: 29 avril 2021

Disponible sur Nintendo Switch et PC

Site Officiel

Il va sans dire que dans la catégorie du plateformer, le challenge est une pièce maîtresse du vaisseau. Dans le cas contraire, il est légitime de penser que le coche est manqué, l’essence même du concept ayant été trahie. Quid de ce Super Magbot alors? Nul besoin d’installer un suspense insoutenable et malaisant: l’essai est pleinement transformé.

Certes, les comparaisons seraient tentantes à l’instar du célèbre Celeste dont la silhouette hante les lieux. Pourtant, les développeurs du studio Astral Pixel, soutenus par l’éditeur incontournable de l’indie Team17, sont allés jusqu’au bout d’une démarche peu commune. Oui, vous êtes face à des plateformes, oui il faudra traverser et…il est impossible de sauter!

Partant de ce postulat, difficile de se projeter et de trouver une valeur comparative juste. Toujours est-il que vous n’aurez qu’une certitude: vous allez souffrir. Et pas qu’un peu! L’exigence est de mise, comme nous allons vous le narrer durant ce test même si l’expérience acquise est toujours un compagnon de route fiable.

Partons ensemble sur les cendres du die & retry, celui qui n’a point peur de piquer au vif le joueur à bout de souffle, fâché contre ce pixel récalcitrant qui a échappé à sa vigilance. Cependant, point besoin de sortir les clous, colliers ou autres laisses: si Super Magbot est manifestement ardu, il n’en reste pas moins empreint de justice et, mieux encore, de justesse.

Super Magbot, bro!

Inutile de s’étaler devant l’épaisseur du scénario: celui-ci est un prétexte pour enchaîner les tableaux les uns après les autres dans des mondes différents. La proposition est simple: à cause d’un vilain, ça va péter! A vous de retrouver les fragments sur chaque planète pour éviter l’apocalypse. Tout cela est narré avec une bonne humeur qui se dégage et des personnages sympathiques, sans approfondissement de leur caractère.

Les dialogues vont droit au but et s’avèrent gentillets avec la petite touche d’humour qui a le bon goût de ne pas être dégoulinante. Les petites mises en scène permettent surtout de faire une pause entre 2 séances de réflexion intense. Pas de quoi sauter (ahah) au plafond mais l’effort est bel et bien là. On ne peut qu’apprécier les petites bouilles de chaque protagoniste toutes vêtues de pixels et finalement, c’est cela qui importe le plus.

C’est d’ailleurs cette qualité graphique qui nous happe de suite. Une nouvelle fois, le pixel art fut choisi en tant qu’emballage visuel. Bien sûr, le processus est usé jusqu’à la corde. Toutefois, Super Magbot s’en tire avec les honneurs en raison d’une sélection de couleurs pertinentes avec de nombreuses variations et des contrastes efficients.

L’OST n’est pas non plus exclue de la réussite artistique globale, avec des boucles agréables qui arrivent à maintenir l’intérêt malgré leur utilisation répétitive, les échecs successifs nous obligeant à parcourir maintes fois des lieux identiques. Nous saluons également le nombre de pistes juste pharaonique par rapport à la durée de vie totale du jeu, qui atteindra au grand maximum 4 heures selon votre capacité à appréhender les obstacles et à braver les embûches.

Viser le magbot

L’essentiel de tout plateformer reste sa capacité à huiler son gameplay pour que celui-ci soit précis et profond. Pas de doute: Super Magbot excelle sur ce point malgré une entrée en matière assez difficile. En effet, il est assez pénible de prime abord d’automatiser rapidement ce qui nous est demandé par la production. Ainsi, pour résumer, votre avatar ne peut pas sauter mais il dispose d’un fusil magnétique. La subtilité provient du fait que vous êtes face à des cellules de 2 couleurs distinctes (le rouge et le bleu) pour “enjamber” certains passages.

De là, 2 possibilités s’offrent à vous: la répulsion ou l’attraction. Sur le papier, cela semble d’une complexité hors-norme. Dans les faits, rien de plus évident! La gâchette gauche représente le bleu, la droite le rouge, et selon leur utilisation vous serez soit projeté, soit attiré. Ainsi, rouge pour rouge (ou bleu pour bleu) permet de se faire repousser, donc d’effectuer un saut en longueur, tandis que la combinaison rouge pour bleu (et inversement) permet l’attirance, donc de se hisser en hauteur.

Si tout cela semble obscur, pas d’inquiétude. Il est aisé de comprendre la proposition, du moins en théorie. En pratique, il faudra mêler réflexion rapide et agilité afin de “cliquer” au bon moment et avec la bonne gâchette pour triompher de l’adversité du décor. Surtout contre les Boss qui ne vous laisseront que peu de trêve!

De plus, cerise sur le gâteau, le stick droit donnera la direction du laser, ce qui implique d’être méticuleux dans le choix des directions afin d’éviter d’être bien trop court pour atteindre l’autre rivage!

Cela demande, sans contestation possible, beaucoup d’apprentissage en passant par des revers à foison. En outre, impossible de cracher dans la soupe! La courbe de difficulté est crescendo afin de vous familiariser avec le système. Un conseil toutefois: si vous engagez une partie, autant ne pas l’abandonner en cours pour y revenir plus tard. Vous découvririez avec frustration que les bonnes habitudes se perdent vite. En ce sens, Super Magbot demande un investissement et une concentration de tout instant sachant que l’intérêt et la replay value sont intimement liés au scoring. Et pour améliorer ses chronos, il faudra cravacher histoire d’atteindre, enfin, une place dans le tableau des meilleurs!

Colporter des Magbots

Une chose reste cependant immuable dans Super Magbot, à savoir ce désir de laisser le gamer dans une courbe de progression constante. Du tableau fixe naîtra le niveau au scrolling léger. Si chaque passage ne semble pas bien long, il ne faut pas oublier qu’in-game cela peut ressembler à l’enfer. Il faut être constamment sur le qui-vive sachant que plusieurs subtilités s’ajoutent au fur et à mesure, comme des pièges supplémentaires, des tirs ennemis ou encore des plateformes amovibles.

Ce sera donc l’ensemble de vos sens qui seront en éveil et ce afin de choisir le bon angle ou le bon dosage de la pression de la gâchette pour effectuer un lancer aussi puissant que mesuré dans le temps. Rien n’est impossible car tout est une question de patience. Certes, une population un poil plus habituée traversera les épreuves avec plus de grâce que d’autres. Mais, si nous osons ce parallèle osé, Super Magbot dispose d’une opposition calquée sur celle d’un Souls. Tout le monde est en mesure de finir à condition de bien intégrer les règles et de les appliquer correctement. Cela peut sembler poussif au début; cela vous emmène néanmoins vers un désir de toujours faire mieux.

Voilà pourquoi la création est bien plus profonde dans sa chair que dans son apparence. Sous des airs d’hommage nostalgique à l’ère du 16 bits se cache en réalité un trésor du pad, et ce en dépit d’un postulat particulièrement sobre. C’est avec cette supposée austérité que Super Magbot joue le contrepied en affichant une élégance telle qu’elle paraît presque naturelle. Une nouvelle preuve d’un travail acharné de ses géniteurs, capables de nous transporter sans que nous ayons eu le temps de nous en rendre compte.

Enfin, et cela ravira les plus anxieux, des “assistances” sont prévues pour ne pas vous laisser dans la panade sans édulcorer le challenge. A titre d’illustration, vous serez en mesure d’obtenir des usages illimités de votre fusil ou encore la présence bénéfiques de checkpoints, particulièrement salvateurs. C’est aussi en cela que le soft se veut accueillant, loin de cette envie de vous décourager ou de vous lasser. L’œuvre est plutôt prédisposée à vous accompagner pour que vous buviez le doux calice de la victoire.

Un pari risqué pour une prospérité méritée.

Le die & retry, un genre réservé aux plus téméraires? La réponse nous la joue Harvey Dent, avec un opus qui se montre aussi impitoyable que généreux. Évidemment Super Magbot, sous ses airs de bon enfant, ne vous fera aucun cadeau et il est probable que la canicule ne sera pas la seule cause de votre transpiration.

Sans concession, Super Magbot est une curiosité à apprivoiser tant ses mécaniques sont dépendantes d’une exactitude sans faille. Alors bien sûr, cela peut faire perdre patience à quelques-uns d’entre nous. Toutefois, une chance doit être donnée au produit, les créateurs ayant eu la bonne idée de ne pas se reposer uniquement sur le concept.

Affiné, le gameplay sied parfaitement à l’environnement et nous pourrions quasiment parler de sans-faute. Cependant, finir l’aventure représente déjà un beau défi et c’est pour cela qu’il est probable que beaucoup en resteront là. Cela causera du tort à la durée de vie qui peut prendre une toute autre ampleur si chacun respecte le dogme de l’arcade: le scoring!

Avec un enrobage délicat et une partition aussi rétro que aboutie, il est certain que Super Magbot dispose d’atouts de taille pour se hisser dans le haut du panier sans malheureusement pouvoir encore titiller les mastodontes, Super Meat Boy en tête.

Malgré tout, il serait incongru de ne pas encourager ce type d’initiative novatrice, franchement jouissive…et douloureuse!

Encore une belle trouvaille de l’éditeur Team17 qui nous prouve que loin des blockbusters se trouve une oasis qui se moque de l’illusion. La scène indépendante a encore de beaux jours.

Un énorme merci à Team17 de nous avoir permis de tester le jeu pour en faire une critique.

Merci d’avoir pris le temps de lire notre critique du jeu Super Magbot. N’hésitez pas à nous donner vos avis sur ce jeu dans la section commentaire, ci-dessous!

No Bloody Knows
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No Bloody Knows

Sorte de mixture issue des années 80 et 90, le No Bloody Knows, ou le NBK pour les plus pressés, se consomme en duo. Une facette double qui trouve son inspiration dans l'indie ou les productions à moindre budget. Un accent marqué du Nord de la France, une passion pour le Beat'em Up et une envie de découvrir ce que la passion a de plus beau : la créativité! Un plaisir de partager notre expérience car nous tous, nous sommes la Pop Culture.

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