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Critique: Hotline Miami Collection

Voici notre critique du jeu Hotline Miami Collection, testé sur PS4:

Genre: Top Down Shooter et Die’N’Retry
Développeur: Dennaton Games et Abstraction Games
Date de sortie: 19 août 2019

Disponible sur PS4, Xbox One, Nintendo Switch et PC

Site Web Officiel

La cité éditoriale vidéoludique ne cessera de nous surprendre. Avec ses bienfaits et autres bizarreries qui naissent au sein d’un éditeur toujours prompt à dégainer une production improbable. Et ce fut tout d’abord le cas lorsque, fin 2012, débarque le premier opus de Hotline Miami sur PC, sous la houlette de Devolver Digital. Une véritable claque indépendante, ode à la violence non dénuée de sens.

Un OVNI issu d’une alchimie entre le Top Down Shooter et le Die’N’Retry qui a su envoûter un public non négligeable! Un portage sur consoles de salon et portables de Sony un an plus tard, une suite si brillante et dérangeante en 2015 et la licence n’en finit plus de fasciner.

Curiosité du calendrier : Nintendo et Microsoft, 2 constructeurs pourtant bien fournis en productions plus “modestes”, furent privés du joyau. Chose réparée en 2019 et 2020 par la sortie de l’édition “Collection” regroupant les 2 épisodes. Une façon de réunir tous les gamers sous la même bannière!

L’occasion également de redécouvrir 2 jeux majeurs datant de 2 générations (oui, déjà) qui arborent leur charisme intemporel, ne laissant que des miettes à certaines fantaisies AAA désormais bien obsolètes…

De quoi raviver nos souvenirs et notre appétence aux meurtres jouissifs? Ce serait un résumé un tantinet trop simplet et de surcroît incomplet. C’est en ce sens qu’il était temps pour nous d’enquêter sur ce criminel séduisant : les amis, allons goûter l’hémoglobine de Hotline Miami!

Dumb et Number

Avant toute appréciation des 2 titres, il s’agit avant tout de présenter les têtes pensantes du projet. Réunis sous l’appellation Dennaton Games, Jonatan Söderström et Dennis Wedin ont réalisé l’impensable en créant le studio. Les 2 Suédois ont su faire surgir une apothéose apocalyptique! Le premier est un développeur qui ne put jamais terminer Super Carnage où le but était… de tuer le maximum de monde. Le second est membre du groupe de musique Fucking Werewolf Asso, qui associe bruitages et sons électroniques pour un résultat particulièrement étonnant et accrocheur.

Des améliorations ont été effectuées pour le vaporware, ce qui permettra la sortie du premier Hotline Miami. Et le choc est sévère! Un sens esthétique raffiné qui pose la beauté de l’assassinat, fut-il barbare. Une singularité de la Direction Artistique, en dépit de la vue du dessus et de l’emploi du pixel-art. Mais les développeurs l’ont bien compris : pour marquer les esprits, il faut que les choix soient aussi forts que pertinents, malgré le risque de créer un carambolage sanglant dans le cerveau de celui qui goûte à la production.

Et le premier parti pris n’est autre que visuel : en multipliant le choix des contrastes, entre obscurité et flashy, Hotline Miami ne ménage pas son allégeance envers le morbide! Cela est bien simple : cela gicle de partout, les corps sont démembrés, les têtes arrachées, les visages nauséabonds et nous en passons. Et si la charte graphique aurait pu faire passer la pilule, il n’en est rien tant cela met mal à l’aise le joueur. Bien plus parfois que lors d’une session avec un jeu “réaliste”, surtout lorsque le suggestif intervient. Évidemment, le sound-design est loin d’être laissé pour compte. Sans évoquer de suite l’OST absolument fabuleuse et totalement en adéquation avec la création, chaque bruitage est choisi avec un soin particulier.

Du claquement des pétoires au coup des battes, du couteau à l’éclatement de cervelle, de l’ouverture des portes à la vitre qui se brise, tout est parfait. La sensation de participer à un massacre n’en est que renforcée, tout comme cette notion de survie car oui, ce ne sera pas  une simple promenade de santé.

Miami, mi-amish

L’ultra-gore ne constitue en aucun cas le seul qualificatif des Hotline Miami. Même si le second, Wrong Number, va parfois encore plus loin que son prédécesseur, la censure est envisageable pour les âmes les plus sensibles. Toutefois, nous réitérons : la violence n’est pas empreinte d’une gratuité perverse. Elle s’apparente plus à l’une de ses inspirations, à savoir le long-métrage Driver qui aura su secouer les chaumières sans aucune vergogne!

Avant de s’étaler sur les méandres du scénario, il s’agit aussi de replacer le contexte du gameplay. Celui-ci semble simple d’apparence. Toutefois, un apprentissage sera nécessaire pour une maîtrise totale et sans partage! Ainsi, même si nous saluons l’adaptation sur les consoles, force est de reconnaître que la prise en mains au pad est assez peu intuitive. Il faudra un peu d’accoutumance avant de réaliser les mouvements désirés. Certes, certaines choses auront du mal à s’améliorer, comme ce lock foireux. Une tare encore plus handicapante dans la suite, tant les espaces sont démesurés (nous y reviendrons).

Vous vous déplacez selon un mode twin-stick, l’essence du jeu, afin d’exécuter vos ennemis, très vifs à défaut d’être futés. En effet, si votre personnage se fait souvent meurtrir, ce n’est point en raison d’une stratégie infaillible des adversaires. L’IA est très limitée, voire carrément médiocre à certains moments! Si nous pouvons pardonner, histoire de ne pas rendre la difficulté abusive, le fait que les mobs ignorent les corps encore tièdes lors de leur ronde, comment expliquer ce manque de réaction lors d’un assassinat brutal proche de leur position?

De plus, des erreurs de pathfinding entachent la progression, quand ce n’est pas un bug pénible comme celui “du coin” inhérent surtout à Hotline Miami 2. Les réactions sont aussi parfois imprévisibles : ce qui passait au pixel près lors d’un essai précédent est parfois voué à l’échec lors d’une nouvelle tentative. Pire : les belligérants modifient de temps en temps leur trajectoire pour des raisons inconnues, ce qui fout en l’air votre approche!

Cela engendre frustration et énervement. Heureusement, les titres disposent d’énormes atouts pour vous procurer un plaisir intense… et malsain!

Hotline et Ken

Le principe de Hotline Miami est très simple : vous devez “nettoyer” les étages de ses occupants, et ainsi de suite pour remplir la mission qui vous aura été allouée. Pour cela, à vous de choisir un masque au tout début de celle-ci, du moins dans le premier épisode, pour choisir votre angle d’attaque. Vous en débloquerez de plus en plus afin de bénéficier de divers bonus : survivre à une attaque par balle, une vitesse accrue, des portes létales et bien d’autres…

La suite? A vous de gérer par où commencer en prenant en compte que les armes à feu font du boucan, là où le corps-à-corps se révèle plus discret. Bien sûr, cela implique de surprendre ou d’être plus véloce que son opposant. Savoir prendre l’aggro pour tendre un piège, se faire entendre volontairement pour attirer un groupe, prendre en compte la spécificité de certains ennemis… voilà ce qui vous attend!

Et pour triompher, sachez que vous devrez mordre la poussière à de multiples reprises. Par bonheur, le respawn est très rapide, délaissant l’agacement qui pourrait vous envahir. Le level-design, même si nous mettons un bémol pour Wrong Number, est impeccable, permettant de constater à la fois le sadisme des développeurs et leur grande intelligence lorsqu’il s’agit de diversifier les situations.

Car oui, cela peut être une grande peur balayée avec brio par Dennaton Games : si le concept est répétitif, la variété est paradoxalement au rendez-vous. Particulièrement bien rythmé, Hotline Miami aboie à chaque instant et vous laisse sur le qui-vive. A l’occasion, une confrontation avec un boss sera de la partie. A vous de repérer rapidement la méthode.

C’est aussi en cela qu’il y a une démarcation avec la concurrence! Il s’agit de comprendre, dans un premier temps, et d’agir vite et bien. Si dans une première phase, tout semble impossible, l’empirisme passera par-là puis ce sera l’appel du skill qui fera la différence. Vous faisant oublier les dizaines de défaites antérieures!

Vice de forme?

Une recette qui sied de la plus belle des manières au premier Hotline Miami : des pièces ajustées, des choix de masques d’animaux qui modifient les possibilités et des missions à la durée brillamment dosée. Un constat qui se retrouve beaucoup moins dans Hotline Miami 2 : Wrong Number qui représente la quintessence du paradoxe! A la fois plus ambitieux et plus riche, le jeu accentue les maladresses mieux camouflées par l’opus initial.

Les missions sont parfois bien trop longues, composées de tableaux en nombre excessif et surchargés. Sachant qu’une mort vous renvoie au début de l’étage! En ce sens, si la diversité est bien plus présente, l’artifice est trop important. Les espaces ont considérablement augmenté et il n’est pas rare de subir un shoot totalement hors-champ alors que votre visibilité est réduite et que le lock, comme nous vous le précisions plus haut, se révèle imprécis.

L’abus de mobs devant être abattus d’une certaine manière est aussi un motif de reproches, cassant le dynamisme. A force, vous vous y ferez et nul doute que la suite saura vous contenter. D’autant plus que vous pourrez jouer beaucoup de personnages, là où le premier ne vous en fait incarner qu’un seul principal et un autre secondaire. Cependant, une nouvelle fois, cela demande une concession! Souvent, la typologie du “héros” vous sera imposée, entre celui qui refuse les armes à feu, celui qui a des capacités spéciales ou bien d’autres attributs…

Et parfois, c’est un véritable coup de tonnerre savant, à l’instar du duo des cygnes qui se jouent ensemble, en même temps et de manière efficace. L’idée est juste géniale et les choisir est un avantage non négligeable. Nous vous laissons, pour ceux qui n’auraient pas fait les 2 diamants, la joie de la découverte et c’est dans ces instants que Wrong Number se place au-dessus de son aîné, délaissant la régularité.

Là où en revanche, il n’y a pas de match, c’est dans les phases psychédéliques qui vont au-delà de ce que nous avions pu voir auparavant. Si la scène de l’hôpital du premier reste magique, la dernière mission du second est juste impressionnante, reflétant la vision sous trip avec justesse. Un credo qui colle à la chair de la licence!

Wrong to be alive!

S’il fallait appréhender les 2 œuvres d’une quelconque manière, ce serait en louant l’interdépendance. Oui, l’une ne va pas sans l’autre et il est clair que celui qui cherche à comprendre les tenants et les aboutissants de l’histoire devra compléter les 2 jeux. L’épisode d’origine propose quelques spécificités pour conter le récit qui font mouche ; en outre, le second va bien plus loin!

Une narration totalement éclatée sur plusieurs années où ce sera à vous de recoller les morceaux, dans une diégèse complètement folle dont le point névralgique reste la fin des 80’s/début des 90’s, où chaque événement n’est point anodin. Jamais. Au joueur de placer les pièces du puzzle pour mettre en place le tableau qui oscille entre profondeur et amusement des développeurs.

En effet, ceux-ci interviennent à certains moments de l’aventure, brisant allègrement le 4ème mur pour nous mettre en plein doute concernant leurs intentions. Il faudra parcourir à nouveau les niveaux pour tout relier, quitte à rechercher certains bonus pour accéder à une autre fin ou à des événements alternatifs. Affronter aussi une difficulté supérieure pourra vous engager à tenter l’expérience, encore et encore. Ne serait-ce que pour le scoring ou pour faire partie de la race très rare des speedrunners!

Cela étant, vous comprendrez que tout est une question de point de vue et qu’une scène vécue par l’un des protagonistes possède un tout autre sens chez un autre. Il nous brûle les lèvres de vous en dire plus mais ici, la règle est immuable : interdiction de spoiler(s)! A vous de prendre le temps d’oser entrer dans cet univers…

Et comment terminer cette critique sans évoquer les compositions musicales? M.O.O.N, Perturbator, Carpenter Brut… et la liste est loin d’être exhaustive! Toujours est-il que le son est extraordinaire et en adéquation avec ce qu’il se passe à l’écran. Les boucles sont suffisamment puissantes pour éviter la lassitude qui pourrait vous honorer de sa présence désagréable. Que nenni! L’ambiance est assurée et l’OST ne fait pas que sublimer la globalité : il la transcende à chaque instant, faisant oublier le manque de voix des “acteurs”.

Nous terminons par la présence d’une traduction française, en dépit d’une maladresse régulière. Cependant, la compréhension reste de mise. L’inverse, vous en conviendrez, serait dommageable…

Ce n’est pas seulement une perle indie à découvrir, loin s’en faut! La série Hotline Miami est juste un immense coup de cœur qui se place aisément parmi les jeux à compléter, au-delà même de certaines productions à gros budget mais sans inspiration.

Jouant perpétuellement sur les nerfs de celui qui accepte le défi, la création de Dennaton est aussi grandiose que déroutante, fallacieuse que délicieuse.

La preuve qu’il ne s’agit pas de regarder au pixel près ni de disposer d’une perfection formelle : Hotline Miami se déguste avec ses erreurs qui, heureusement, ne plombent pas l’ensemble. De quoi traverser les époques sans sourciller et en se rappelant à quel point produire une telle réussite est un travail acharné de passionnés.

En témoigne le projet avorté, Midnight Animal, la “suite” fanmade pour le moment annulée… depuis longtemps. Et ce en dépit du soutien des développeurs de la licence.

Comme quoi, tout peut basculer en un rien de temps. Bousculer l’ordre est un talent rare qui peut vous emmener vers la folie! C’est en cela que nous avons accepté de la frôler, ne serait-ce que pour vous proposer notre carnet de bord. En attendant notre prochaine mission.

Un agréable coup de pompe dans la fourmilière qui n’attend que les joueurs pour tuer avec réflexion. Alors, convaincus? 

Merci d’avoir pris le temps de lire notre critique du jeu Hotline Miami Collection. N’hésitez pas à nous donner vos avis sur ce jeu dans la section commentaire, ci-dessous!

No Bloody Knows
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No Bloody Knows

Sorte de mixture issue des années 80 et 90, le No Bloody Knows, ou le NBK pour les plus pressés, se consomme en duo. Une facette double qui trouve son inspiration dans l'indie ou les productions à moindre budget. Un accent marqué du Nord de la France, une passion pour le Beat'em Up et une envie de découvrir ce que la passion a de plus beau : la créativité! Un plaisir de partager notre expérience car nous tous, nous sommes la Pop Culture.

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